Vaincre le péché
Herald of Holiness, mars 1992
Lorsque les Juifs finirent leur période de 40 ans d’errance dans le désert du Sinaï et se préparèrent à entrer en Canaan, Dieu s’adressa à Josué (Josué 1.1-15) en lui indiquant que son armée allait vaincre tous les habitants de cette terre qui ne viendraient pas à croire en Lui, le Dieu vivant. Tout culte de la fertilité était banni, tout lieu dédié à Baal ou Moloch devait être détruit, tout rite païen devait être éliminé et tout ennemi de Dieu devait être tué ou expulsé.
Les Juifs avaient été appelés hors d’Égypte pour former une nation qui allait servir le Dieu de leurs ancêtres. Ils devaient honorer le Dieu vivant dans le nouveau pays que Dieu leur donnait. Afin d’accomplir ce commandement, ils reçurent l’instruction de purifier Canaan des ennemis qui pourraient les détruire en tant que nation. Sinon, le peuple serait contaminé par les habitudes qui étaient des abominations pour le Dieu vivant. Les façons de faire du peuple de Canaan, si celui-ci devait être intégré aux traditions des Juifs, auraient dilué la Loi que Dieu avait donnée à Moïse au Sinaï. La Loi devait façonner et former cette nouvelle nation. Cette nation devait adorer Dieu et le maintenir au centre de toutes choses. Cette nouvelle nation devait établir une semaine de sept jours, protéger la sainteté du mariage, encourager à respecter le cercle familial, reconnaître la grande valeur de chaque vie, accorder un droit à la propriété privée et assurer l’importance du témoignage au niveau juridique. De manière générale, les populations qui vivaient en Canaan ne suivaient aucune de ces pratiques et, par disposition et tradition, s’y seraient opposées. Dieu avertit Josué que la Loi leur donnerait force, guidance et protection, tandis que l’abandon ou la dilution de la Loi causeraient pour eux difficultés et destructions. Dieu commanda à Josué de débarrasser le pays de tout ce mal qui le contaminait.
Cette purification du pays ordonnée par Dieu pour la survie de la nation devait être accomplie, non par la force des armées, ni par la sagesse de ses conseillers ou par le charisme de ses leaders. La conquête devait se faire par la puissance de Dieu. Dieu allait indiquer au peuple où et comment progresser. Dieu allait leur donner la victoire par ses œuvres puissantes. La traversée du fleuve Jourdain et la bataille pour remporter une source stratégique d’eau, Jéricho, furent toutes deux orchestrées de main de maître et de façon miraculeuse par Dieu. Après cela, les victoires allaient s’intensifier et s’atténuer selon le degré avec lequel le peuple laissait Dieu les conduire. Lorsque Dieu avait le contrôle, de grandes victoires avaient lieu. Lorsque les hommes prenaient le contrôle, les pertes étaient grandes.
L’énorme capacité du mal à contaminer les Juifs est montrée dans le récit d’Acan (Josué 7). Acan transgressa la Loi en convoitant ce qui ne lui appartenait pas (dixième commandement). Il fut piégé par la beauté de ce mal fatal qui se trouvait autour des Juifs dans leur nouveau pays. Acan fut le premier parmi de nombreuses personnes qui voyaient peu de mal, voire aucun mal, à rechercher les objets et coutumes de Canaan. Les Juifs étaient constamment contaminés par le mal qui les entourait dans ce nouveau pays. En fin de compte, ils abandonnèrent toute tentative de conquérir l’ennemi et se compromirent dans la coexistence. À cause de cette décision, ils ne furent jamais capables d’établir une nation en paix. Il n’y eut aucune période dans l’histoire d’Israël où ils connurent une paix durable.
Un message pour le Chrétien
Le message adressé à la nation d’Israël est devenu le message adressé au Chrétien. Au lieu d’évoquer une nation, le Nouveau Testament évoque une vie. Au lieu d’une terre, il parle d’un cœur. Au lieu des Cananéens, il parle de péché. L’ennemi mortel du Chrétien qui détruit sa paix, c’est le péché dans le cœur. Le péché détruit la personne. Le péché empêche la paix de venir au Chrétien. Le péché amène des conflits et des luttes permanents. Le péché cause des comportements et des attitudes qui ne reflètent pas le Christ. Le péché contamine par des subterfuges. Il amène tant de satisfaction que l’on ne remarque à peine le couteau mortel qui pénètre le cœur.
Le seul espoir que nous ayons de survivre sur le plan spirituel consiste à détruire la puissance et le contrôle des ténèbres dans nos vies. Le péché doit être rendu inefficace. Tant que l’on permet au péché de demeurer, même dans les parties secrètes du cœur du Chrétien, celui-ci continuera à contaminer la vie du croyant. Il s’infiltrera dans chaque élément de la vie, souvent déguisé comme quelque chose de bon. Il justifiera et encouragera un esprit indifférent et sans merci poussé par la rancœur quant à son propre sort et le refus d’accepter rien d’autre que ce qui est en sa faveur. Le péché, laissé dans le cœur, finit par soutenir que le mal est un bien. Il aveugle le cœur quant à sa propre vilenie. Tout comme Israël choisit le compromis de la coexistence avec le mal des Cananéens, de la même manière les Chrétiens choisissent le compromis de la coexistence avec le mal dans leurs cœurs. Une part d’eux-mêmes sert le Christ, et l’autre part profite des ténèbres. Ils supposent que la vie du Chrétien doit être ainsi. Ils ne s’abandonnent jamais complètement à Dieu, et néanmoins ils continuent dans la terre promise du salut. Comme Israël, ils ne connaissent jamais le repos que Dieu a promis à son peuple.
Les péchés cachés de leurs cœurs les maintiennent dans le trouble spirituel. Soit ils n’ont jamais compris que Dieu a promis le repos à son peuple, soit ils sont trop attachés aux belles choses que donne le mal pour permettre à Dieu de les détruire. Leurs vies sont comme un petit bateau dans une mer démontée, balloté en tous sens et jamais capable de se stabiliser. Jusqu’à ce que le péché soit retiré de leurs cœurs, leur vie chrétienne a peu d’espoir de connaître une paix et un repos durables.
Le péché dans le cœur du Chrétien doit être vaincu de la même manière que les Juifs devaient vaincre le mal dans le pays de Canaan – en étant conduits par le Dieu vivant et par sa puissance. Jésus est venu détruire la puissance du mal. Il n’a pas commandé aux êtres humains de le détruire. Il a dit que nous devions laisser Dieu le faire – laisser Dieu nous purifier et nous revêtir de puissance. Nous ne devons même pas tenter de purifier nos propres cœurs. Nous ne pourrions pas le faire, même si nous le voulions. C’est là l’œuvre de Dieu, de bout en bout.
Sur ce point précis, de nombreux Chrétiens sont très semblables aux enfants d’Israël qui, de temps en temps, s’opposaient à l’ennemi par leurs propres forces. Souvent, ils semblaient être en train de gagner mais par la suite, ils découvraient que leurs batailles menées à grand prix ne leur permettaient pas de trouver la paix et, le plus souvent, causaient des problèmes. Les Chrétiens ont tendance à vouloir vaincre le mal et le péché par eux-mêmes. Ils veulent détruire le péché, puis montrer à Dieu ce qu’ils ont fait. Parfois, il semble même qu’ils aient vaincu le mal et le péché, mais aucune paix durable ne fait suite à ces apparentes victoires. Rien de ce que nous faisons par nos propres forces ne peux nous apporter la paix. Le péché est uniquement vaincu par la puissance de Dieu, la puissance de l’Évangile, la puissance de Jésus-Christ à l’œuvre dans le cœur humain. Aucun chrétien n’a jamais vaincu le péché.
Aucun chrétien ne vaincra jamais le péché. Le péché est uniquement vaincu quand le Chrétien laisse l’Esprit du Christ travailler en lui et à travers lui. Les Juifs ne chassèrent pas tous les ennemis de leur nation nouvellement établie. Ils laissèrent quelques ennemis demeurer dans une région reculée du pays. Ces poches de résistance finirent par détruire la nation de l’intérieur. Les chrétiens qui laissent demeurer quelques péchés dans leur vie privée trouveront que ces péchés n’apportent rien, si ce n’est souffrance et perturbation dans leur vie. La triste vérité de l’histoire d’Israël est qu’ils n’ont jamais permis à Dieu de faire de ce pays un pays qui leur appartenait complètement et, jusqu’à aujourd’hui, ils luttent concernant cette décision. La triste vérité de nombreux chrétiens est qu’ils conservent et s’accrochent à des petits péchés et passent leur vie entière à lutter pour trouver la victoire spirituelle, ne connaissant jamais le repos de la grâce sanctifiante que l’Esprit du Christ veut leur donner.
Jim Christy est pasteur de l’église du Nazaréen de Sunny View dans la ville de Greeley (Colorado) aux États-Unis